L'agroforesterie = remettre des arbres dans les parcelles..

[Paul Johan de Graauw]

Bonjour à vous,
L'agroforesterie, ou agrosylviculture, qui devinnes ce dont il s'agit ?

Source : Novethic'Info n° 283
Agroforestrie : la PAC se met au bois

Peupliers et blés, noyers et maïs, pins et vigne... Les associations d'arbres et de cultures agricoles peuvent être très efficaces, comme l'a montré l'étude européenne SAFE, menée sous l'impulsion de l'INRA. Un règlement européen intègre désormais l'agroforestrie aux dispositifs de la PAC, texte que la France tarde à mettre en oeuvre. C'est l'une des revendications abordées lors du Grenelle de l'environnement.

L'agroforesterie, ou agrosylviculture, consiste à remettre des arbres dans des parcelles agricoles, afin de tirer parti des interactions entre les arbres et les cultures. Assez importante en Europe avant la mécanisation qui a extirpé les arbres des champs, la pratique de marier arbres et cultures, toujours en usage dans les pays tropicaux et remis au goût du jour en Chine et aux Etats-Unis, effectue un retour en force. Cet hiver, environ 750 hectares de parcelles agroforestières vont être plantés en France, dans 25 départements. Un début, assurent les promoteurs de la démarche.
« Ce que nous proposons est une version modernisée, rentable et compatible avec la mécanisation, avec des essences d'arbres différentes. Du bois précieux et de qualité comme le merisier par exemple, » explique Christian Dupraz, de l'INRA, coordinateur scientifique du programme national de développement de l'agroforestrie financé par le Ministère de l'Agriculture et qui concerne 22 régions en France. A terme, après 15, 30 ou 50 ans, a-t-il calculé, le revenu forestier équivaut au cumul des revenus annuels tirés des cultures, ce qui permet à l'agriculteur de doubler son revenu annuel.

Rentable et performante

« Il ne s'agit pas de planter une forêt, précise Christian Dupraz, juste quelques arbres. Entre une trentaine et une centaine à l'hectare. » Ces arbres à faible densité, préservés de toute compétition, bénéficient de l'accompagnement des cultures. Et réciproquement. Contrairement aux idées reçues, ce mélange raisonné d'arbres et de cultures – appelé aussi cultures intercalaires – n'affecte pas la productivité agricole. Par exemple, un seul hectare de parcelle agroforestière combinant noyers et céréales produit autant que 1,3 Ha de cultures séparées. La complémentarité génère aussi nombre d'avantages environnementaux, avec un impact positif sur la biodiversité et la préservation des sols. Les arbres, tout en profitant des intrants, prélèvent par leurs racines les nitrates en profondeur, réduisant la pollution des nappes phréatiques. Ces paysages mixtes, attractifs et nouveaux symboles d'une agriculture « durable », se révèlent même d'efficaces pare-feux dans les régions sujettes aux incendies.

Entamée en 1995 dans la région de Montpellier, poursuivie jusqu'en 2005 au sein du projet SAFE - l'abbréviation de « Systèmes Agroforestiers pour les Fermes Européennes », projet européen qui a impliqué 80 scientifiques de 8 pays différents -, la recherche expérimentale sur l'agroforestrie s'est organisée autour de plusieurs parcelles pilotes, disséminées entre la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne... Un sondage, mené en parallèle auprès de 250 exploitations sélectionnés au hasard et ignorant toute notion de l'agroforestrie, a montré que 30 % des exploitants, tous pays confondus, étaient prêts à planter des arbres dans leur parcelle. Notamment pour diversifier leur source de revenus.

Juste prime

Suite aux enseignements du projet SAFE, l'Europe a ainsi mis en place une réglementation incitant à l'agroforestrie, avec un article spécifique du règlement du développement rural européen (RDR), l'article 44, adopté en juin 2005. « Deux choses essentielles ont été obtenues, se félicite le chercheur de l'INRA. Le fait tout d'abord que les cultures intercalaires entre les arbres n'entrainent plus la suppression des primes PAC. Les parcelles arborées, jusqu'à 50 arbres / ha, sont désormais éligibles au droit à paiement unique, comme s'il n'y avait pas d'arbres. Cela permet aux exploitants de ne plus être pénalisés par leur choix. » Alors que chaque Etat-membre met en oeuvre cet article ou envisage de le faire, la France reste à la traîne.

« L'innovation qu'est l'agroforestrie reste une terra incognita pour les organismes français. Ce qui manque aujourd'hui, c'est une incitation à la plantation, » regrette Christian Dupraz, également Président « Des racines et des cîmes », l'association française d'agroforestrie créée en avril 2007. « Planter un arbre a un certain coût, et cet acte, qui a toujours été aidé, sert la génération d'après. Mais acutellement, aucun financement n'est prévu. » Une revendication que l'association a inscrit au sein du Grenelle de l'Environnement.

Par Maxence Layet
Mis en ligne le : 05/11/2007

Remarque perso : Je me souviens d'avoir souvent vu, au Portugal, ce qu'ils appellent "Montado de sobro" qui est exactement cela : des champs de blé parsemés de chênes liège...c'est aussi chouette que logique...
@+ Paul